Le plastique biodégradable présent dans les vêtements ne se décompose pas aussi rapidement qu'espéré – nouvelle recherche
27 mai 2023
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par Keiron Roberts, Fay Couceiro et Muhammad Ali, The Conversation
La pollution plastique est devenue l’un des défis environnementaux les plus urgents de notre époque. Plus de 100 millions de tonnes de plastique pénètrent dans l’environnement chaque année, dont plus de 10 millions de tonnes finissent dans nos océans. Ces plastiques se décomposent en particules microplastiques nocives si petites qu’elles peuvent être consommées par la faune.
Nous considérons tous les bouteilles et sacs jetés comme des déchets plastiques. Mais les fibres synthétiques tissées dans nos vêtements – polyester, nylon, acrylique et autres – sont tout aussi problématiques. Chaque année, plus de 60 millions de tonnes de tissus plastiques sont produites, dont une quantité considérable finit finalement dans les décharges.
Une approche prometteuse pour faire face à cette crise consiste à utiliser des plastiques « biodégradables ». Ces plastiques sont conçus pour se décomposer naturellement en gaz et en eau, qui sont ensuite rejetés dans l'environnement sans causer de dommages durables.
Mais la réalité du plastique biodégradable (ou « bioplastique ») est loin de répondre à nos attentes. Une nouvelle recherche, menée par la Scripps Institution of Oceanography de San Diego, en Californie, a révélé qu'un matériau bioplastique populaire appelé acide polylactique ne se décompose pas dans l'environnement aussi rapidement qu'espéré.
Les chercheurs ont suspendu des échantillons de fibres provenant de matières plastiques à base de bio et de pétrole, ainsi que de fibres naturelles telles que le coton, dans les eaux côtières et sur les fonds marins. Au fil du temps, ils ont examiné ces fibres individuelles au microscope pour voir si elles se dégradaient. Alors que les fibres de coton ont commencé à se décomposer en un mois, les fibres synthétiques, y compris les matériaux bioplastiques tels que l'acide polylactique, n'ont montré aucun signe de dégradation même après 400 jours d'immersion dans l'océan.
La pollution plastique provenant des vêtements est un domaine particulièrement délicat. Souvent, les vêtements ne sont pas recyclés, ni même recyclables, et ils libèrent de minuscules fibres de plastique dans l'environnement par usure progressive.
Les fibres vestimentaires peuvent atteindre nos océans par de multiples voies. Les vêtements rejetés dans la mer, par exemple, seront physiquement brisés par l'action des vagues ou par la friction avec des particules de sable. Ce processus conduit à la libération de fibres au fur et à mesure que le vêtement s'effiloche.
Même en portant simplement nos vêtements, des fibres plastiques sont rejetées dans l’environnement, dont certaines pourraient éventuellement se déposer dans l’océan. Et pendant le processus de lavage de nos vêtements, les fibres se détachent et sont entraînées dans nos égouts, finissant également potentiellement dans la mer.
Quoi que nous fassions, les fibres des vêtements se retrouveront inévitablement dans l’environnement. Il est donc judicieux de réfléchir sérieusement à ce qui arrive à ces fibres une fois libérées.
Des recherches ont montré que les microfibres d'acide polylactique sont potentiellement toxiques pour les organismes marins, notamment les méduses. Les méduses étudiées ont modifié leur fréquence de pouls lorsqu'elles ont été exposées à des concentrations élevées de ces fibres plastiques, réduisant potentiellement leur capacité à chasser, à éviter les prédateurs et à maintenir leur orientation dans l'eau.
La présence de fibres d'acide polylactique dans le milieu marin peut entraîner une modification du nombre et du comportement des méduses. De tels changements pourraient avoir des conséquences considérables sur les écosystèmes marins. Les méduses sont largement réparties dans tous les océans et jouent un rôle crucial dans la chaîne alimentaire marine, à la fois en tant que prédateurs et proies.